REVES (4)

J’ai remarqué que je rêvais davantage en fin de semaine, peut-être parce que j’aime à conclure celle-ci par un récit de cette sorte. La première partie de mon songe se perd un peu dans les limbes. J’arrivais chez mon amie Marie Anne Guerin, qui me vantait je ne sais quel texte théorique, ou roman britannique (affiché, ce me semble, sur son mur). Elle me traitait avec une certaine nonchalance, me faisant comprendre que je n’étais plus tout à fait de la famille. Elle exhumait une vieille photo où je figurais, en blouson de cuir et look seventies, parmi d’autres personnes. Fondu enchaîné vers le sommeil. Un sommeil qui se trouvait troublé par deux de mes amis, Pierre-Yves Geoffard et Marc Bagarry, qui revenaient de faire la fête et déboulaient dans ma chambre, se souciant peu de me réveiller.

Une autre séquence me revient plus clairement. Je participe à une manifestation qui ressemble à un festival de cinéma. Celui-ci se déroule sous haute surveillance, sous la censure d’un pouvoir évoquant le nazisme. La première partie de la situation s’enfonce dans le brouillard. Il m’en reste une oppression violente, un sentiment d’angoisse, que je combats en m’arrachant aux colloques où se complaît la petite société cinéphile. Je rebrousse chemin pour délivrer mon camarade Dominique Marchais, prisonnier d’une caverne que recouvrent des morceaux de scotch. Je déchire le scotch à la diable, à mains nues, avec la peur d’être surpris. J’achève le travail en tranchant, avec des ciseaux, cette muraille qui le dissimule à mes yeux. Il est là, debout, au fond de la grotte, égal à lui-même alors qu’il n’a pas mangé depuis plusieurs jours (je le craignais mort). Il a un faux air de Clint Eastwood. Il ne me remercie même pas, et se met carrément en colère lorsque je l’invite à rejoindre le colloque où l’on est en train de présenter ses films, au bout de la route. Il me dit qu’on s’en fout, que l’important c’est de toucher le public.

Retourné au colloque, je m’inquiète de laisser dans cet état le mur de scotch que j’ai détruit, il vaudrait mieux camoufler tout cela. Je reviens sur mes pas, et dissimule les morceaux qui pendent, notamment au fond d’une espèce de château de sable que je défais. Je vois se profiler, en bas de la route (c’est-à-dire du côté inverse des lieux d’où je viens), une voiture où se devinent des nazis. Je rebrousse chemin à nouveau, dans la nuit, bientôt rejoint par un inconnu à vélo, dont je crains le pire. C’est un quidam excentrique, qui m’apostrophe sur le mode : “Ah, elle est belle, la France ! C’est du joli.” 

Je me retrouve dans une buvette en plein air, épicentre du festival de cinéma. A un serveur noir, je demande une coupe de champagne. Je suis étonné que dans ces parages, on ne me réponde pas par la négative. J’aimerais rejoindre les autres membres de la communauté cinéphile. Mais on a enlevé la carte SIM de mon téléphone, et j’ai perdu tous mes contacts. Un appel s’affiche, je n’identifie pas le numéro. On m’a refilé un autre téléphone, pas encore activé.

1 Commentaire
  • Michelle Herpe
    Posté le 15:27h, 19 avril Répondre

    drôle…

Poster un commentaire