RÉSEAUX (4)

En discussion avec un homme, sur Facebook, qu’a troublé mon film C’est l’homme et à qui j’envoie, pour le troubler encore plus, des photos de moi ligoté ou travesti. Il réagit parfois d’une manière qui m’excite, en se mettant dans le rôle du voyeur dominateur, et en me disant ce que j’attends. J’ai le tort, sans doute, de trop le pousser dans ses retranchements. S’il se contente, à l’envoi d’une nouvelle photo, de m’adresser un smiley ou un commentaire laconique, je lui demande, régulièrement, avec l’insistance d’un enfant questionnant son père : Qu’aimez-vous dans cette image ? (car le voussoiement est de mise, tout au long de ces échanges qui ne vont jamais bien loin).

S’il ne me répond pas assez vite, j’ajoute un smiley (du style coquette effarouchée, les yeux baissés, rougissant du désir de l’autre). Et puis une nouvelle phrase, faussement respectueuse. Si je puis me permettre de vous poser cette question. Il ne répond toujours pas. Je rajoute un smiley, avec des yeux constellés de cœurs, pour qu’il sache bien que je suis en ligne. Il répond volontiers à côté. S’il me tend à son tour une perche (du style j’espère que les nœuds sont bien serrés), je repars dans un roman passionné dont j’aimerais qu’il soit le personnage principal. J’essaie de le faire parler comme ce personnage que j’imagine. Le texte est déjà écrit et et il n’a qu’à suivre, à la lettre, mes plus secrètes intentions.

Il finit par me dire que ce qui le trouble surtout, c’est mon désir d’être attaché. Il trouve cela touchant. Ce n’est pas exactement la réponse que j’attendais. Je lui précise, d’ailleurs, que j’aime en fait être vu, être représenté comme attaché. Pour la première fois, je ne lui parle plus en tant que personnage, mais en tant que vraie personne.




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