CHERCHEURS (3)

Un mail bizarre, hier, émanant du département cinéma. A y regarder de près, il s’agit du département cinéma mobilisé (tel est le libellé de l’adresse d’origine). Il m’est adressé en CCI, ce qui ne veut pas dire, semble-t-il, qu’il me vise personnellement, mais que sa liste de destinataires est cachée. Ni bonjour, ni au revoir, ni signature. Il s’agit en fait de nous gourmander, nous les profs, pour ne nous être point pliés au vote de l’AG d’UFR concernant la validation automatique liée à la grève. Pourtant, les auteurs du présent mail étaient venus s’en assurer lors d’une réunion de département.

Ces étudiant.e.s (telle est la formule qui clot leur message) nous ont trouvé confu.e.s (je ne suis pas sûr que l’Académie validerait). Ils nous font part de leur indignation, à voir ainsi bafouées leur consignes. Une indignation qui englobe, pêle-mêle, le fait que nous proposions des travaux individuels pour améliorer la note-plancher de 12/20, le fait que nous osions maintenir les soutenances de master (qui, demandent-ils, a décidé de ces dates ?), ou la répression (…) d’une violence inouïe qu’a subie le collectif féministe souhaitant imposer une journée de non-mixité. Reprenant la période cornélienne (N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?), ils s’interrogent : est-ce pour en arriver là qu’ils ont passé par tant d’épreuves ? Pour que leur lutte soit à ce point écrasée ?

On a beau lire et relire cette missive, il appert que l’unique pomme de discorde est la possibilité, pour certains étudiants, de moduler leur note à la hausse s’ils ne se contentent pas du 12/20 universel. Sans oublier la trahison (insistent-iels) qui consiste à proposer des cours sur Skype. C’est créer une inégalité, aggravée par le confinement, entre ceux qui disposent d’un ordinateur à la maison et les autres. Des mots manquent ici ou là, comme mangés par la rage. On se demande comment nos pamphlétaires ont eu nos mails personnels. Nul doute que Saint-Just (tel est le surnom que je donne à un colllègue ultra) n’ait participé à cette révolution des esprits… Cela met Charles en joie, il projette d’écrire aux étudiant.e.s depuis son smartphone, afin qu’on ne puisse identifier d’où vient la blague. Il ne faudrait pas que je me retrouve flanqué d’un bonnet d’âne.




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