CHATS (5)

Dans ma relation de la journée de dimanche, j’ai omis de mentionner un épisode spectaculaire. J’étais dans le jardin, en train, entre autres, de regarder distraitement les préliminaires de la conférence du premier ministre. Roselyne Bachelot se moquait d’une journaliste – mais je n’arrivais pas à entendre, pour cause de déconnexion, ce qu’elle lui disait précisément. Une fois l’image revenue, je la redécouvrais hilare, savourant le trait qu’elle venait de décocher. On n’en finissait pas de commenter la situation dans les EHPAD ou les amendes distribuées pour non-respect du confinement, ou tout autre sujet de cette nature capable de nourrir le flux.

J’aperçois le chat de Charles, perché en haut de la grille qui nous sépare d’un jardin voisin. Il slalome entre les piques, en tentant de gagner la corniche qui lui donnerait accès au balcon d’un deuxième étage. Il se campe sur ses pattes de derrière, en évaluant le risque qu’il y aurait à sauter vers ce point d’appui. Il ne semble pas très rassuré. On dirait qu’il fait cela pour se prouver qu’il est adulte, et rejoindre, dans cette prestigieuse catégorie, mon chat qui lui inspire une admiration craintive. J’appelle Charles, pour qu’il voie ce qui se passe. Impossible, comme l’autre jour, de disposer un tabouret afin de le rattraper. Cette zone du jardin est rendue inaccessible par des chariots et autres planches, laissés par le ci-devant épicier. Le chat reste là, effrayé, attendant qu’on vienne le chercher.

Charles préfère ne pas voir ça, et moi non plus. Je rentre dans ma tanière, où je retrouve Edouard Philippe, pérorant d’un ton lugubre. Il n’est rien, dans son discours, à quoi on puisse accrocher quelque espoir. Le chat, pendant ce temps, s’est débrouillé tout seul. Il s’est calé contre l’arbre, et puis il a dévalé la pente pour rejoindre la terre ferme.



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